OUVEA
Quelques jours sur une île de rêve
L'île d'Ouvéa est un atoll. C'est à dire une île dont le centre, autrefois volcanique c'est enfoncé. Sur les bords, des coraux se sont développés, croissant en hauteur au fur et à mesure que le sol descendait. Ce sont ces éléments que l'on voit au dessus de l'eau, aujourd'hui. On peut encore deviner l'ancien contour de l'île, grâce aux Pléiades, les petits îlots du nord et du sud.
Ce que l'on remarque bien depuis l'avion, ce sont les différents bleus. Le bleu outremer de l'océan Pacifique et le turquoise du lagon, tout cela sous un ciel bleu carte postale, comme il se doit. On réalise aussi que l'île est une toute petite bande de terre entre les eaux.
A terre, aussi, on est submergé par les grands paysages bleus.
Plage blanche, eau turquoise, ciel bleu, soleil...Mouli nous attendait avec le sourire. Nous avons fini par nous laisser tenter et entrer dans ce grand bleu. Comme nous n'étions qu'au début du printemps, c'est à dire début septembre, l'eau nous a semblé fraîche.
"Comment est-il possible qu'une eau aussi magnifique ne soit pas à 30° tout le temps ?" demandait Aude, déçue.
Pour nous rendre au gîte "les cocotiers", nous avons franchi le Pont de Mouli. Ce pont est réputé pour son importante circulation : tortues, raies, requins et divers poissons franchissent cette passe qui relie le lagon à l'océan.
Nous avons occupé une confortable case, naturellement climatisée et insonorisée grâce à sa toiture végétale. Le gîte assurait les repas, à la demande. Nous en avons demandé et redemandé. Ce fut une cure de poissons.

Nous avons tenté une excursion sur un bateau à fond de verre, dans la baie de Lékiny. Nous étions un peu hésitants, car avec un masque on voit bien les coraux. Etait-ce la peine ? Finalement nous avons pensé que ce serait une bonne mise en bouche pour Aude et Stéphane qui venaient d'arriver de métropole.
Nous n'avons pas regretté notre sortie. Roberto, notre pilote est un plongeur professionnel et un passionné de coraux. Il nous a proposé une découverte très instructive. Nous avons appris beaucoup de choses toutes simples comme : Qu'est-ce qui donne leurs couleurs aux coraux ? Ce sont les déjections des coraux qui colorent le calcaire, en bleu, vert, rose, selon l'animal. Chaleureux et convivial, il nous a, aussi, parlé des conditions de vie à Ouvéa et de ses relations avec les membres des tribus propriétaires du lagon où il travaille.
Au retour de la visite, depuis le pont de Mouli, nous jetons un dernier regard sur la baie de Lekiny que nous venons de découvrir. De chaque côté de l'île Fayawa, une passe vers l'océan.
Le lendemain, notre hôte nous emmène à la découverte de son île. Nous garderons en mémoire ce "trou bleu" d'une profondeur de 60m. C'est cette épaisseur d'eau pure qui donne cette couleur à l'eau. Quelques poissons-perroquets sont enfermés là et montent en surface lorsqu'on leur jette du pain.
Nous irons aussi au trou des tortues de la baie d'Ognat, au nord. Cette fois l'eau est verte. Trois tortues tournent en rond dans le bassin. Elles aussi ont été introduites et ne peuvent s'échapper.
Nous visiterons la fabrique d'huile de coco, mais la savonnerie était fermée. Ce sont surtout les gens du nord de l'île qui fournissent le coco. Le produit a été chauffé à 80°, de façon artisanale et directement dans la cocoteraie, par les producteurs eux-mêmes. Cette matière première est ensuite triée, broyée, chauffée et pressée dans la petite usine, dont le moteur fonctionne à l'huile de coco.
Nous faisons des haltes pour photographier les monuments de l'île.
Les églises et les temples sont là, écrasants et imposants en comparaison des habitations qui sont en majorité des petites cases.
Et puis, nous nous arrêtons devant le monument dédié aux 19 kanak tués à la grotte de Gossanah en 1988.
Rappel historique :
"le 28 avril 1988, des indépendantistes attaquèrent la gendarmerie de Fayaoué. Au cours de cette attaque 4 gendarmes furent tués et 27 emmenés en otages dans la grotte de Gossanah, au nord. 11 otages furent libérés. Le 5 mai, les gendarmes et le GIGN donnèrent l'assaut. 19 kanak et 2 militaires furent tués.
Un an après, le 5 mai 1989, à l'occasion de la cérémonie coutumière de levée de deuil, à Wadrilla, près des 19 tombes, Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné furent assassisnés par un extrémiste kanak du nord d'Ouvéa." (Guide bleu Hachette)
3ème journée : la plongée.
Ce récit laisse peut-être penser qu'il n'y a que de l'eau du sable et des cocotiers, à Ouvéa ? Il y a de très nombreux et gros poissons et de très jolis coraux que l'on peut contempler en se rendant sur un des îlots des pléiades du sud.
Notre hôte nous avait organisé une sortie à la journée, avec un voisin pêcheur. Ce dernier nous a déposé sur son îlot, nous laissant nager à loisir, pendant qu'il allait pêcher le déjeuner. Ses garçons ont préparé un feu de bois qui a servi à cuire les tranches de bonite que nous avons dégustées. Après 45 minutes de bain, l'appétit ne faisait pas défaut.
Pouvons-nous conclure qu'Ouvéa est un endroit paradisiaque ? Pour des vacances, oui. Mais pour les gens qui y vivent, ce n'est pas aussi simple. La terre est pauvre et elle est restreinte. La seule activité lucrative est la fabrique d'huile de coco et la savonnerie. Le plus ennuyeux, c'est l'absence d'eau douce. Ce qui est quand même un élément vital. Pour la lessive, la douche et la cuisine, une livraison régulière d'eau de mer déssalée est mise en place. Il reste toujours la possibilité d'utiliser les puits creusés un peu partout sur la plage. Cette eau est saumatre, mais moins que l'eau de mer. L'eau minérale nous a été servie pour nos repas.
Chacun économise l'eau et nous avons fait attention à ne pas nous éterniser sous la douche. Nous avons ramené nos affaires de plongée, toutes salées, attendant d'être à Nouméa pour le rinçage.
Le tourisme familial apporte, sûrement, un complément de revenu non négligeable, sans compromettre l'équilibre écologique de l'île. Nos hôtes ont répondu à toutes nos demandes avec beaucoup de gentillesse. Si nous devons séjourner, de nouveau, à Ouvéa, c'est avec plaisir que nous retournerons chez eux.
