Promenade botanique à Port Boisé.

Dimanche 23 juillet 06,
avec l’association Mocamana Nature Environnement et le botaniste Bernard SUPRIN.



Nous n'aurons finalement pas à affronter la pluie.
Rendez-vous : parking Casino du Mont-Dore. Un bel arc-en-ciel nous rappelle que nous subissons, actuellement, une période pluvieuse.
la petite remorque, au premier plan, sert à transporter un chien l'arrivée de la course au village vacance
Nous laissons une partie des voitures sur le lieu d’arrivée de notre randonnée, et nous continuons jusqu'au départ : le gîte de Port-Boisé. A cet endroit est installée l'arrivée du Raid de l’Espoir. Pendant une bonne heure, nous utiliserons le même sentier, mais les concurrents seront à l’envers de nous, les pauvres !
C'est l'hiver, mais il fait bon quand même périlleuse traversée sur des pierres savonneuses
Nous étions très nombreux, environ 50 personnes, sur ce sentier de bord de mer, balisé par la Province Sud. Le pique-nique se fera au bord d’une rivière, un peu avant midi.
Bernard Suprin, très absorbé par sa photo, se fait doubler plage de sable rouge à l'arrivée
Le botaniste n'était pas le dernier à prendre des photos, alors qu'il doit en avoir déjà pas mal. Le sentier étant souvent étroit, il fallait être vigilant, pour ne pas se trouver séparé de lui. Grappiller des infos, les noter et faire des photos tenaient de la haute voltige. Heureusement, pour les arbres importants, Bernard Suprin s'arrêtait afin d'être entendu de tout le monde.
Ixora caulina, les fruits Ixora, fruits et fleurs. Photo prise à l'île des Pins.
Cet arbre, Ixora caulina , fait ses fleurs directement sur le tronc, alors que les feuilles poussent, comme pour les autres arbres, au bout des branches. Ce phénomène s'appelle la "cauliflorie", c’est un archaïsme. Celui-ci serait un cousin du café, qui n'est, pourtant, pas cauliflore.
merremia peltata écrasant un arbuste la feuille de merremia peltata fait bien 25cm de long
Cette liane merremia peltata est très envahissante. Elle a d'énormes fleurs blanches. On la trouve aussi au Vanuatu.
les feuilles gaufrées de l'Eugénia bulata les fleurs de l'Eugénia bulata
Eugénia bulata (Bulata veut dire gaufré). Les feuilles le sont effectivement. C'est une Myrtacée du genre jamelonier. C'est un arbre endémique. Nous constatons que c'est encore un cauliflore, puisque ses fleurs blanches sortent directement sur le tronc. Ses fruits sont comestibles. Précision supplémentaire : les feuilles tombées à terre servent de cachette aux gros escargots Bulime
Delplanchea spéciosa les trois petites fougères archaïques
Delplanchea spéciosa ou Couronne d’or, en raison de la disposition de ses fleurs jaune vif. Elles sont très belles sur l'arbre, mais fanent très vite dès qu'elles sont cueillies. Cet arbre est endémique. Il est de la famille des bignoniacées

Sur la photo de droite, trois fougères archaïques en forme de parapluie. Schizaea dichotoma.

les courtes racines-échasses à la base du tronc d'un palétuvier de montagne Palétuvier rouge en fleur
Le palétuvier de montagne crossostylis grandiflora est un rhizophoracée. Il porte de courtes racines-échasses à la base du tronc. Il est endémique.

Fleurs et fruits du palétuvier rouge Bruguiera gymnorrhiza. Cet arbuste n'a pas de racines échasses. Il se trouve souvent un peu en retrait du front de mer.
pandanus du bord de mer pandanus du bord de mer
Le pandanus du bord de mer Pandanus tectorius constitue une seule espèce en Nouvelle Calédonie. Par contre, il existe des dizaines d'autres espèces, souvent endémiques, qui croissent en forêt. La classification de ces espèces (dans le monde) a déjà nécessité le travail d'une vie de deux botanistes successifs et n'est pas terminée.
Cet arbre est porté par des racines-échasses. Les pandanus sont dioïques, c'est à dire que les sexes sont séparés : le pied mâle donne des fleurs à pollen alors que le pied femelle donne des fruits. Ceux du pandanus de bord de mer, sont oranges à maturité et ressemblent à des ananas. Des geckos (nom donné à cause de leur cri) se cachent dans le cœur de la touffe des feuilles en dents de scies.

le très petit gastéropode protobranches gastéropode protobranches dans son élément naturel
Turbo Petholatus et son opercule vert émeraude.
Le pique-nique au bord de la rivière est pour nous l’occasion de faire connaissance avec ce drôle d'escargot. Un gastéropode protobranches de la famille des néritines. Genre cliton. Il vit aussi bien dans l’eau douce que dans l’eau salée. Sa coquille à épines présente une grande variété de formes et de couleurs. Il possède un opercule et des branchies.

C'est le côté bombé de l’opercule qui se trouve à l’extérieur. On en trouve sur les plages. Le gastéropode turbo en fabrique de joliment colorées, et certains peuples du Pacifique s'en font des bijoux.




termitière bien ronde, 50cm de diamètre joli champignon tout frais
Il existe aussi des termitières en Nouvelle Calédonie. Celles que nous avons vues, sont de belles boules noires.
Bernard Suprin n'avait jamais rencontré ce magnifique champignon de souche.

capsules de chêne gomme feuilles de  chêne gomme B.Suprin à côté d'un  chêne gomme tronc aux fibres ondulées de chêne gomme
Le chêne gomme est endémique. C'est un géant de la forêt, mais ce n'est pas un chêne. C’est un cousin du niaouli et de l’eucalyptus. Comme ce dernier, les fruits du chêne gomme renferment les graines dans des capsules.

Il sécrète une gomme noirâtre, très visqueuse ; d'où son nom. Son tronc est facilement reconnaissable à ses fibres ondulées très caractéristiques. Il fleurit très irrégulièrement, tous les 5 à 11 ans, et, généralement, après un cyclone. L'arbre se couvre, en totalité ou en partie, de magnifiques fleurs blanches.

Il est très sensible aux feux et ne supporte pas l'eau des marécages. Il fut surexploité à la fin du 19ème siècle, pour la mine (poteaux, traverses de chemin de fer, ...) car il est imputrescible et insensible aux termites.

Les kanaks l’utilisent, quand il est jeune car il est bien droit, pour les poteaux de la case. Quand il est vieux, c’est un géant. Son tronc peut avoir 6 m de circonférence. D'un bois très dense, il fut souvent abandonné après avoir été coupé, faute de moyens pour le déplacer.


les troncs de Xylacarpus granatum sont très tourmentés B.Suprin nous parle du fruit l'arbre jeu de patience est très photogénique
Xylacarpus granatum Arbre jeu de patience. On peut fabriquer un jeu de patience en trois dimensions avec son fruit dont les graines sont imbriquées de façon anarchique. Un conseil : il faut faire sécher ce fruit sans détacher les graines, sinon elles se tortillent et l'on ne peut plus remonter le puzzle. L'utilisation du micro-onde permet d'accélérer le séchage.
Son identification est facile grâce à son écorce qui ressemble à celle du platane, lisse avec la couleur en plaques.

superbe Tamanou le tronc du Tamanou les feuilles du Tamanou
Le Tamanou. L’huile extraite de l’amande est qualifiée de miraculeuse pour les maladies de la peau : eczéma, lèpre et brûlures. Elle permet une cicatrisation sans marque. Elle a un parfum de résine. Cet arbre est facile à identifier par sa feuille qui présente des nervures parallèles et serrées. Elle ressemble à une plume d'oiseau.
les fruits du Nono
C’est un des trois arbres très importants dans le Pacifique :
1er = le cocotier ; 2è = le tamanou ; 3è = le nono.

Ce dernier favorise l’immunité naturelle. A maturité, le fruit a une odeur épouvantable, au goût de fafaru ou de camembert trop fait. Bernard mange un fruit mûr, tous les matins pendant un mois, tel quel ou réduit en compote. On peut aussi boire le jus. De toute façon, c'est écœurant. Le fruit ne pourrit pas car il est bourré d’antibiotiques : il se dessèche. Ses vertus sont reconnues par la médecine et la fabrication d'un médicament contre le cancer est à l'étude.


Fruits de Acratocarpus heterofilus très jolies fleurs de Acratocarpus heterofilus
Acratocarpus heterofilus (heterofilus = feuilles de formes différentes) C’est une rubiacée, comme le café. Le fruit est semblable à un gros haricot mais ce n’est pas une gousse. La fleur blanche peut ressembler à une fleur de tiaré mais ne sent rien.

Scaevola sericea Scaevola sericea
Scaevola sericea Cette petite fleur blanche présente 5 pétales qui sont disposés sur la moitié inférieure de la corole. Le pistil est seul sur l'autre moitié. Scaevola = gauche. Au temps de la Rome Antique, Musius, un romain, a été capturé par les étrusques lors d'une tentative d'attentat. Pour qu’il donne le nom de ses complices, ils lui ont posé la main sur une plaque brûlante. Il s'est tu jusqu'à calcination complète de sa main droite. Il lui restait sa main gauche et on l’appelait Musius Scaevola. En donnant son nom à une fleur, la botanique a voulu rendre hommage à son courage.

plante parasite au premier plan Cet arbuste présente 2 types de feuilles sur ses branches. La plus au bord de la photo est une plante parasite, qui détourne la sève à son profit et entraîne la mort de l'extrémité du rameau.


Certaines espèces végétales de Nouvelle Calédonie datent du Trias, époque où toutes les terres de l'hémisphère sud étaient regroupées en un seul continent, le Gondwana. C'était le début de l'ère des dinosaures. Ces espèces sont très résistantes. Elles ont réussi à survivre à la supposée météorite qui a entrainé la disparition des dinosaures et de nombreuses espèces animales et végétales. Elles se sont maintenues grâce à la difficulté pour les autres espèces à se développer sur cette terre très sélective de Nouvelle Calédonie. Ici, on peut avoir une idée de la flore du tertiaire avec les araucarias, les kaoris, les plantes cauliflores, …

Une plage de la baie de Port Boisé et l'îlot Kié couvert de Pins Colonnaires

Ici, nous sommes au pôle mondial des Araucarias, dont le pin colonnaire fait partie. Le genre Araucaria, survivant archaïque de la végétation du Trias, compte encore 19 espèces au monde, dont 13 sont endémiques à la Nouvelle Calédonie.

Le pin colonnaire pousse naturellement sur le littoral. Ceux qui sont à l’intérieur des terres, ont été plantés par les kanaks.

En 1774, quand les Forster, père et fils, qui accompagnaient James Cook ont vu de loin, sur l’îlot Kié qu’on aperçoit là-bas, ce rideau de pins colonnaires très serrés, ils ont cru voir la Chaussée des Géants, en Irlande. Ils étaient persuadés d'avoir à faire à une coulée de basalte. Quand le bateau s’est rapproché, ils ont bien dû admettre leur erreur. Ce sont eux qui baptisèrent l'île des Pins.

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