LE BANIAN
L'arbre le plus difficile à photographier !


"Iriwa...disparaît dans le figuier-banian, roi de la forêt arc-bouté sur la pluie de ses racines adventives, une tempête immobile sous laquelle toute une troupe peut circuler à l'aise."
Joëlle Wintrebert "les diables blancs"

Les maisons royales ressemblent à ces figuiers de l'Inde dont chaque rameau, en se courbant jusqu'à terre y prend racine et devient un figuier. Chaque branche peut devenir une dynastie. A la seule condition de se courber jusqu'au peuple.
Victor Hugo "les misérables"
En allant à la plage de Nalé A Poindimié

Quelque soit la façon dont on s'y prend, on est déçu par le resultat. Soit vous l'avez en entier et on ne comprend pas bien ce que l'on voit, soit on prend un détail et on ne se rend pas compte de la taille générale...c'est le casse-tête.

Plage de Ballade
Le banian est en quelque sorte, un prédateur pour son entourage.
Il commence sa vie de petite graine dans la fourche d'un arbre ou dans le creux d'un mur, sûrement transporté là par un oiseau. Ensuite il se développe très vite vers le haut à la recherche de lumière et vers le bas pour y planter ses racines.

Il ne perd pas de temps à essayer de se fabriquer un tronc robuste, il s'appuie, se plaque, sur son arbre support. Ses racines s'entrelacent, se soudent entre elles, et bientôt on ne voit plus grand chose de l'arbre support. Au bout de quelques années, ce dernier meurt étouffé. Le banian n'en a cure, il est maintenant assez fort pour se tenir debout tout seul.

Quand il ne pousse pas en forêt, il croit en largeur. Ses racines adventives servent de béquilles pour étaler ses grandes branches. Ces béquilles grossissent pour former d'autres troncs toujours reliés à l'arbre d'origine. Au Bengale on peut voir des banians qui atteingnent ainsi 600m de circonférence. Nous en avons vu de magnifiques près des ruines du bagne à l'île des Pins. Plusieurs familles auraient pu camper sous le même arbre.

Ruines du Bagne de Prony Ruines du Bagne de Prony Ruines du Bagne de Prony
De belle allure et apportant une ombre très apréciable, ils n'apportent pas forcément que des bienfaits puisqu'ils sont responsables de la destruction des célèbres temples d'Angkor. A Nouméa, on peut en admirer six, magnifiques, plantés au milieu de l'Avenue de la Victoire. Leurs racines font des dégâts sur la chaussée, mais des soins réguliers d'élagage et de réfection permettent de les conserver en place.
Récolte de la sève en  vue de la confection d'une balle de cricket L'arbre support a disparu De l'arbre support ne restent plus que quelques branches mortes (elles sont noires sur la photo)
Ce sont des ficus (de la famille des figuiers), on en dénombre 1000 espèces dans le monde. La sève du ficus prolixa, le banian blanc, contient du latex qui, séché, est utilisé traditionnellement, en Nouvelle Calédonie, pour la confection des balles de cricket. les racines adventives de banian rouge peuvent être tressées pour faire de la ficelle. Avec son écorce, on fabriquait des bandes de tissu appelées tapa, qui était une précieuse monnaie d'échange.
Arbre hautement sacré, habitat des esprits des ancêtres, il servait autrefois de lieu de sépulture des chefs.

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